Fiche métier : Gendarme mobile

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bonpetitsoldat
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Fiche métier : Gendarme mobile

Message par bonpetitsoldat »

L'organisation de la gendarmerie mobile

La gendarmerie mobile compte dans ses rangs 17 000 officiers, sous-officiers et gendarmes-adjoints, ce qui en fait la composante la plus importante de la gendarmerie nationale, après la gendarmerie départementale. Elle compte quelques femmes officiers, mais les postes de sous-officiers et de gendarmes-adjoints sont exclusivement masculins.

L'unité de base de la gendarmerie mobile, au sein de laquelle se bâtit la cohésion nécessaire à la bonne exécution des missions, est l'escadron de gendarmerie mobile (EGM). Il existe 123 escadrons de marche, qui sont répartis sur l'ensemble du territoire métropolitain. Mais le fait qu'un escadron soit basé en Alsace ne signifie pas qu'il n'intervienne qu'en Alsace, loin de là... Le lieu de résidence de l'escadron n'a que peu de rapports avec son lieu d'emploi, sauf exceptions.

Les EGM sont regroupés en structures appelées groupements de gendarmerie mobile. Cette entité répond à des besoins administratifs, mais surtout opérationnels. Sur le plan administratif, le groupement sert d'intermédiaire entre les escadrons (entre 4 et 6 par groupement) et le niveau supérieur. C'est son rôle opérationnel qui doit être souligné. Pour des opérations importantes de sécurité générale, les escadrons sont regroupés (pour le temps de l'opération) en groupements opérationnels de maintien de l'ordre (GOMO), aux ordres d'un officier supérieur commandant de groupement. Ce dernier dispose d'un état-major réduit pour l'assister.

Toutes les forces de gendarmerie mobile sur le territoire d'une zone de défense constituent une légion de gendarmerie mobile. La légion (LGM) constitue le cadre de gestion des sous-officiers de gendarmerie mobile, au sein duquel va se dérouler leur carrière : mutations, promotions... Il existe actuellement 7 légions de gendarmerie mobile : la légion de gendarmerie mobile d'Ile-de-France (LGMIF, Maisons-Alfort), la 2ème LGM (Bordeaux), la 3ème LGM (Rennes), la 5ème LGM (Lyon), la 6ème LGM (Marseille), la 7ème LGM (Metz) et la 9ème LGM (Villeneuve d'Asq - Lille).
Que fait-on en gendarmerie mobile ?

Les missions de la gendarmerie mobile

Les escadrons de gendarmerie mobile reçoivent des missions d'ordre public et de sécurité générale. Leur raison d'être est le maintien et le rétablissement de l'ordre, mais en raison d'un contexte social propice à un calme relatif, ces missions ne représentent actuellement que 10 % de leur travail.

Lors de grands événements comme les journées mondiales de la jeunesse, le sommet du G8 à Évian ou les commémorations du 60ème anniversaire du Débarquement, les EGM exécutent nombre de services d'ordre, tout en étant en mesure de faire du maintien de l'ordre si la situation le nécessitait. Toutes les manifestations dans Paris sont également encadrées pour éviter les débordements et les actions de casseurs.

La gendarmerie mobile intervient souvent en renforcement de la gendarmerie départementale. Ce renforcement peut prendre la forme de concours aux enquêtes judiciaires (dispositifs de bouclage, arrestations, recherches) mais aussi d'intensification de la présence policière sur un secteur donné pendant un certain temps pour lutter contre des phénomènes contribuant à l'insécurité.

De nombreuses missions effectuées par la gendarmerie mobile sont des missions de protection. Il peut s'agir d'assurer la protection physique de personnes et de biens dans des secteurs sensibles, ou de fournir des escortes. En théorie, les forces mobiles (CRS et GM) ne doivent pas exécuter de gardes statiques. Dans la réalité, les gendarmes mobiles assurent souvent des missions de protection d'édifices et de sites sensibles.

Les CRS n'intervenant pas outre-mer, ce sont les gendarmes mobiles qui assurent l'ordre public dans les départements, territoires d'outre-mer et collectivités territoriales. À l'étranger, la gendarmerie mobile assure la protection de certaines ambassades, et remplit des missions de maintien de l'ordre au sein des forces armées françaises déployées dans le cadre des opérations extérieures (OPEX).

Le dispositif actuel de la gendarmerie mobile

Certaines missions en métropole et outre-mer sont assurées en permanence par la gendarmerie mobile et les escadrons se relèvent tour à tour pour les remplir. Pour donner une idée de ce que cela représente, voici le dispositif permanent actuel :

REGION PARIS - total 9 escadrons minimum
Points sensibles dans la capitale : 3 escadrons
Prison de Fleury-Mérogis : 2 escadrons
Palais de justice : 2 escadrons
Centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Roissy) : 2 escadrons

PROVINCE - total 6 escadrons
Corse : 3 escadrons
Saint-Astier (entraînement au maintien de l'ordre) : 3 escadrons

OUTRE-MER - total 19 escadrons minimum
Nouvelle-calédonie : 3 escadrons
Guyane : 5 escadrons
Polynésie : 4 escadrons
Guadeloupe : 2 escadrons
Saint-Martin : 1 escadron
Martinique : 1 escadron
Réunion : 2 escadrons
Mayotte : 1 escadron
Saint-Pierre et Miquelon : 1/2 escadron

ÉTRANGER - total 3 escadrons
Côte d'Ivoire : 2 escadrons
Kosovo : 1 escadron

Ce dispositif mobilise en permanence 37 escadrons (sur un total de 123), les autres étant en permission, à l'instruction, ou en mission ponctuelle à Paris ou en province.
La vie d'un gendarme mobile

Le déplacement, un style de vie...

La vie d'un gendarme mobile est indissociable des déplacements de son escadron. Le déplacement en mission, que ce soit à Paris, en province ou outre-mer, est l'essence même du métier de gendarme mobile. Un escadron vit au rythme des départs, et les gendarmes mobiles effectuent en moyenne 180 jours de déplacement par an. Le reste des jours de l'année est réparti entre permissions et journées d'instruction.

Lors des déplacements, les gendarmes mobiles reçoivent, en plus de leur solde normale, une indemnité journalière d'absence temporaire, de taux variable selon le lieu du déplacement. L'hébergement est planifié, et la plupart du temps les gendarmes sont deux par chambre dans des casernements ou hôtels corrects. Toutefois, sous le signe de l'urgence, il arrive que l'hébergement s'effectue dans des conditions spartiates... un escadron se déplace avec tout son matériel, son armement, sa cuisine, etc, de façon à pouvoir être autonome et changer de mission si le besoin de sa présence se fait sentir ailleurs dans les plus brefs délais.

Les escadrons comptent environ 120 gendarmes. Il y en a toujours un certain nombre en stages, congés de maladie etc. L'escadron se déplace généralement avec un effectif d'environ 70-75 personnels. Ceux qui restent à la résidence constituent ce qu'on appelle le dépôt et participent à des tâches de garde de la caserne, d'entretien des locaux techniques, de travaux de casernement.

L'arrivée à l'escadron

Tout gendarme ayant choisi la gendarmerie mobile en sortant d'école de sous-officiers de gendarmerie (ESOG) est affecté dans une des 7 légions de gendarmerie mobile. Rappelons que ce choix est important car il détermine le cadre géographique dans lequel va s'effectuer le début de carrière, voire toute la carrière pour certains. C'est la légion qui décide dans quel escadron va être affecté le nouvel arrivant, en fonction de ses desiderata, de son classement et des places disponibles.

En arrivant à l'escadron, le gendarme prend possession du logement qui lui est assigné dans l'enceinte de la caserne. Il est normalement pris en charge et guidé par le gendarme président des sous-officiers. Il va se présenter au commandant de l'escadron, qui le reçoit et l'affecte dans un peloton de marche. Puis il va se présenter à l'adjudant d'escadron, qui lui explique comment se déroule le service à la résidence. Ensuite, il va intégrer son peloton et recevoir un complément de paquetage comprenant le matériel spécifique pour le maintien de l'ordre. Dès son affectation au sein d'un peloton de marche, le nouveau gendarme sera parrainé par un gendarme ancien qui va le guider professionnellement.

L'organisation de l'escadron

Un escadron est organisé en 5 pelotons : un peloton hors-rang (PHR), un peloton d'intervention (PI) et 3 pelotons de marche. Le PHR comprend tous les services qui font fonctionner l'escadron : le secrétariat (administration), l'adjudant d'escadron (organisation du service à la résidence et en déplacement), le casernement (entretien des locaux et espaces verts, réparations), l'ordinaire (alimentation lors des déplacements), le mess (alimentation à la résidence), le matériel (habillement, couchage, armement, munitions...), le service auto (entretien et réparation des véhicules). L'affectation au PHR demandant des compétences particulières, on n'y trouve généralement pas de jeunes gendarmes.

Le peloton d'intervention est l'équipe de choc de l'escadron. Rassemblant les personnels les plus performants physiquement et les plus aguerris, il suit une instruction spéciale lui permettant de remplir des missions particulières au sein de l'escadron ou en solo : arrestations de meneurs ou de personnes dangereuses, extraction d'otages, neutralisation de forcené, franchissement d'obstacles naturels ou artificiels etc. Le PI est régulièrement sollicité par les unités de gendarmerie départementale pour appuyer les enquêtes judiciaires, effectuer des arrestations ou sécuriser des lieux perquisitionnés. Pour intégrer le peloton d'intervention, il faut avoir fait ses preuves sur le terrain, posséder une excellente condition physique, passer des tests spécifiques et faire preuve de maturité. En raison des risques liés aux missions, les gendarmes qui ne sont pas encore sous-officiers de carrière (cf. infra) ne sont généralement pas affectés au PI.

Un gendarme nouvellement affecté sera normalement affecté dans un des 3 pelotons de marche de l'escadron, P1, P2 ou P3. Au sein de ces pelotons, il existe 4 grandes fonctions pour les gendarmes sur le terrain. On trouve les conducteurs de véhicules, les lance-grenades lacrymogènes armés du Cougar, les « boucliers » (en 1ère ligne), et les « fusiliers » (en 2ème ligne). Les deux premières fonctions exigent des personnels ayant l'expérience du maintien de l'ordre et par là-même aptes à prendre les bonnes décisions rapidement. Notre nouveau gendarme sera donc en 1ère ligne s'il est de grande taille, armé du bouclier, d'un bâton de protection et d'un pistolet automatique (arme d'autodéfense). Autrement, il sera en 2ème ligne, armé d'un bâton de protection à double poignée latérale ou d'un FAMAS (fusil d'assaut) en fonction des circonstances, et d'un pistolet automatique (autodéfense).

Comment devient-on gendarme mobile ?

Pour devenir gendarme mobile, il faut satisfaire aux épreuves de fin de stage qui sanctionnent la formation professionnelle reçue en école de sous-officiers de gendarmerie (ESOG). En fonction de son classement, le nouveau gendarme choisit la gendarmerie départementale, la gendarmerie mobile ou la garde républicaine. En l'état actuel des choses, les femmes ne peuvent pas choisir la gendarmerie mobile en sortie d'école.

Les perspectives de carrière

À son arrivée en escadron, le nouveau sous-officier est sous contrat court avec la gendarmerie. Pour pouvoir accéder au corps des sous-officiers de carrière, il doit obtenir le certificat d'aptitude professionnelle (CAT). Cet examen s'obtient après 2 ans de cours par correspondance sanctionnés par un contrôle continu et un examen final. Une fois l'examen obtenu, le gendarme devient sous-officier de carrière et peut rester en service jusqu'à 56 ans sans avoir à repasser d'examen ni de concours.

Une fois le CAT obtenu, le gendarme mobile est devant un choix personnel. Il peut :
- décider d'attendre 5 ans de présence à l'escadron, avant une mutation en gendarmerie départementale qui sera automatique ;
- décider de profiter du temps qui lui reste en gendarmerie mobile pour préparer l'examen national d'officier de police judiciaire, avant la mutation automatique en gendarmerie départementale (cf. fiche sur la vie d'un gendarme en brigade), ce qui permettra de commencer rapidement une carrière de gradé en gendarmerie départementale ;
- décider de se spécialiser dans un des domaines qui autorisent à rester comme gendarme au sein d'un escadron, pour une carrière en gendarmerie mobile ;
- décider de faire une carrière de gradé en gendarmerie mobile.

Ceux qui aspirent à faire une carrière en gendarmerie mobile doivent tout d'abord obtenir le diplôme d'arme (DA). Cet examen professionnel consiste en des épreuves physiques, tests de connaissance des textes réglementaires, des matériels et des procédures spécifiques au maintien de l'ordre, et en épreuves de commandement, et intervient à l'issue de plus de 2 ans de travail personnel intense ponctués de stages et sanctionnés par un contrôle continu. La sélection est sévère car il y a souvent plus de candidats que la légion de gendarmerie mobile n'a besoin de gradés. Une fois titulaire du diplôme d'arme, le gendarme doit attendre sa nomination au grade de maréchal des logis-chef avant de voir son maintien définitif en gendarmerie mobile prononcé.

Le nouveau gradé va souvent, en plus de son rôle de chef de groupe au sein d'un peloton de marche, prendre en charge un petit service de l'escadron, ou seconder un autre gradé dans un service plus important, afin de développer son sens des responsabilités. Aux grades d'adjudant puis d'adjudant-chef, il sera adjoint au commandant de peloton ou chef d'un service de l'escadron. Devenu major au choix (ancienneté et états de service) ou par concours, il pourra prétendre au commandement du PHR, dans certains cas d'un peloton de marche, ou servir dans un état-major groupement ou légion.

En conclusion, la vie en gendarmerie mobile se caractérise pour le gendarme par un rythme intense de déplacements, une certaine touche de dépaysement et d'exotisme, une vie professionnelle bien remplie mais qui peut être contraignante, tout cela au sein d'un escadron, qui est une unité à laquelle la cohésion et les nécessités opérationnelles donnent un caractère militaire beaucoup plus marqué que dans le reste de la gendarmerie.
Verrouillé

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